FILMS-SIDA

lundi 30 novembre -1

Décembre 1995

Une première programmation sur ce thème avait présenté en février 91 des films issus, pour la plupart, des milieux homosexuels. Les gays y dénonçaient leur mise à l'écart, voire leur extermination programmée par certains gouvernements et parallèlement mettaient en lumière une nécessaire et exemplaire solidarité contre l'exclusion des "sidéens".
Pionniers de l'auto-organisation des personnes contaminées, ils ont sans doute, durant les années 90, suscité la détermination de séropositifs contaminés par d'autres voies que par relations homosexuelles, à sortir également de l'ombre et de l'isolement, à dénoncer les discriminations et re-parler ensemble de sexe, d'amour, de maladie, de mort, de l'essentiel de notre condition, simplement. De vivre, un peu moins seuls peut-être, la séropositivité, la maladie, la douleur du départ jour après jour de proches, emportés par le virus.
Cette mobilisation reste en 1995 plus que jamais active et la production cinématographique et vidéo en est un outil important. A travers elle, ils ont mis en évidence aussi bien les changements de comportements sociaux que ce qui n'a pas changé!
Ce temps a permis que s'effondre presque le mythe de la "maladie des homos", comme celui du Singe vert ou du Patient zéro. Mythes dont on se moque aujourd'hui tant ils semblent éculés et qui datent pourtant d'une petite dizaine d'années seulement. C'est que le Sida a aussi bouleversé notre rapport au temps. Mythes exutoires des peurs qui nous tenaillent toutes et tous, et nous portent à des comportements plus ou moins raisonnables, nous font pencher vers plus ou moins d'humanité.

Il a fallu attendre novembre 1995 pour que l'Aide Suisse contre le Sida mène une campagne à l'échelle nationale à l'égard des femmes et attire l'attention sur les spécificités des risques de leur contamination. Avec plus de vingt mille séropositifs en Suisse, l'équation Sida = marginalité en prend un coup!

Enfin, les mots d'ordre ont changé, ou plus exactement se sont diversifiés et ne sont plus uniquement focalisés sur la prévention (mettez un préservatif) mais se concentrent sur une prise de conscience sociale. Aujourd'hui, la prévention contre l'exclusion a remplacé le discours alors essentiellement basé sur "les groupes à risque". Le Sida nous concerne tous.