La coquille et le clergyman

Film

"(...) On se doit pourtant de constater que l'ère nouvelle débutait fort mal avec LA COQUILLE ET LE CLERGYMAN qui fut accueilli par des "mouvements divers". Il était manifeste que la personnalité de Germaine Dulac, fortement campée, s'accommodait difficilement d'une collaboration directe avec l'auteur du scénario surréaliste, le poète-comédien Antonin Artaud, dont l'individualité n'était pas moins puissante. C'était presque le mariage de la carpe et du lapin. Cette vérité n'avait pas éclaté au grand jour avant la projection du film et les lignes écrites par Antonin Artaud en guise d'avant-propos laissaient tout au contraire supposer que les affinités esthétiques des deux responsables de l'oeuvre étaient concordantes : "J'ai cherché, dans le scénario, à réaliser cette idée de cinéma visuel où la psychologie même est dévorée par les actes. Sans doute ce scénario ne réalise-t-il pas l'image absolue de tout ce qui peut être fait dans ce sens : mais du moins, il l'annonce. Non que le cinéma doive se passer de toute psychologie humaine : ce n'est pas son principe, bien au contraire, mais de donner à cette psychologie une forme plus vivante et active, et sans ces liaisons qui essaient de faire paraître les mobiles de nos actes dans une lumière absolument stupide au lieu de nous les étaler dans leur originelle et profonde barbarie. Ce scénario n'est pas la reproduction d'un rêve et ne doit pas être considéré comme tel. Je ne chercherais pas à en excuser l'incohérence apparente par l'échappatoire facile des rêves. Les rêves ont plus que leur logique. Ce scénario recherche la vérité sombre de l'esprit, en des images issues uniquement d'elles-mêmes, et qui ne tirent pas leur sens de la situation où elles se développent, mais d'une sorte de nécessité intérieure et puissante qui les projette dans la lumière d'une évidence sans recours."

Extrait du catalogue Light Cone (1990)

"La similitude des vues d'Antonin Artaud et de Germaine Dulac était illusoire et la présentation du film au Studio des Ursulines provoqua un des plus beaux chahuts de l'époque : les partisans d'Antonin Artaud étaient venus en force, hurlaient leur mécontentement devant le manque de compréhension "surréaliste" de la cinéaste (ils lui reprochaient notamment d'avoir réalisé une transcription beaucoup trop et seulement littérale du scénario), tandis que de nombreux spectateurs non initiés faisaient du vacarme pour protester contre l'incohérence des images, contre l'absence consciente et voulue, cela va sans dire, de logique de la conduite d'une action pratiquement inexistante. La confusion totale qui avait régné à cette première n'empêcha pas LA COQUILLE ET LE CLERGYMAN de poursuivre une carrière très honorable aux Ursulines. Quant à Germaine Dulac, elle continuait à rêver de films sans sujets, de symphonies visuelles, de cinéma à l'état pur dans lequel les objets devaient être bannis au profit de symbole."

Extrait de "Anthologie du cinéma" tome 4, texte de Charles Ford (1969)

Auteur Dulac Germaine
Pays France
Année 1927
Durée 40'
Genre Expérimental
Version
Couleur Noir Blanc
Format 16mm
Thème ANTONIN ARTAUD, UN CERTAIN ETAT DE FUREUR

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