La veritable histoire d'artaud le mÔmo

Film

Comment le projet d'une fiction adaptée du journal de Prevel a-t-il donné naissance à un documentaire de plus de trois heures sur Antonin Artaud ?
Jérôme Prieur : C'est un accident de parcours. Quand nous avons su que Rolande Prevel, la femme du poète, était vivante, nous sommes allés la voir le 3 juin 1991 par courtoisie pour l'acquisition des droits. A l'écouter, nous avons compris combien Artaud était toujours un compagnon de sa vie. Elle a dit d'ailleurs "j'ai compris bien plus tard à quel point il a été mon ami". Peu à peu, elle a sorti pour nous des dessins d'Artaud, des objets lui ayant appartenu. A partir de cette rencontre, nous avons su qu'il y avait le livre de Prevel, mais encore, autour, la vie. Nous avons décidé d'aller voir les proches d'Artaud, ceux qui l'avaient côtoyé dans les dernières années de sa vie, en tremblant, à chaque fois qu'on frappait à une porte parce qu'on se demandait quels fantômes on allait réveiller. L'enquête a duré un an.

Qu'entendez-vous par "véritable histoire d'Artaud le Mômo"?
Gérard Mordillat : Le titre paraphrase la conférence du Vieux-Colombier "Histoire vécue d'Artaud le Mômo". En choisissant le mot "véritable", on donnait une dimension fabuleuse, en jouant sur une légende. Curieusement, ce titre ressemble davantage à celui d'une fiction, et inversement d'ailleurs pour "En compagnie d'Antonin Artaud". Nous savions dès le départ ce que le film ne serait pas : un cours de littérature, une célébration, une chronologie commentée, une hagiographie. Nous cherchions qui étaient ces gens à l'époque, et quelles étaient leurs relations avec Artaud. Nous n'avons donc pas filmé le neveu d'Artaud, qui n'a pas été un "proche" de son oncle. Notre idée était d'enlever du témoignage tout ce qui relevait de la glose... On a privilégié les délires, les imaginations des uns et des autres sur les mêmes événements, en juxtaposant les différentes versions. On a cherché aussi à préserver un équilibre entre tous, et à conserver les surprises du récit.

Que devenait votre projet de fiction?
Gérard Mordillat : Les rencontres avec les uns et les autres nous ramenaient constamment à notre scénario et à une relecture toujours différente du journal de Prevel. La fiction doit peu au documentaire pour l'action mais beaucoup pour la compréhension des personnages, leur définition, et le jeu des acteurs. Sami Frey pour lequel, à aucun moment, il ne s'est agi de singer Artaud, a trouvé dans les témoignages des indications sur la façon de se mouvoir d'Artaud, qui ne s'asseyait jamais par exemple, à cause de sa maladie, et qui écrivait tout le temps. Il a découvert aussi cette générosité de l'homme, son humour, même terrible... Nous avons achevé le documentaire en décembre 92 et commencé le tournage de la fiction le 4 mars 93 (jour d'anniversaire de la mort d'Artaud), par la scène de son enterrement. (...)

Valérie Marin la Meslée, in Magazine littérature n°318.

Auteur Mordillat ; Prieur Gérard ; Jérôme
Pays France
Année 1993
Durée 195'
Genre Documentaire
Version
Couleur Couleur
Format 35mm
Thème ANTONIN ARTAUD, UN CERTAIN ETAT DE FUREUR

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