Le Spoutnik propose dans le cadre de la Nuit de la science une sélection de courts métrages expérimentaux autour du thème Mesurer et compter.
Les films ici retenus exploitent la capacité de la caméra à enregistrer des portions d´espace et à restituer des fragments de temps. Nous avons privilégié deux tendances à l´oeuvre dans ce travail sur les structures filmiques et les dispositifs optiques: un jeu sur la déstructuration de l´espace d´une part, et sur la dilatation du temps d´autre part.
Le Japonais Takashi Ito, en balayant le champ avec sa caméra, prend la mesure d´une salle: il mesure et quadrille un site dans sa spécificité. Martin Arnold, qui s´inscrit dans la filiation de l´école formelle allemande et autrichienne, déconstruit et réarticule de brèves scènes de films hollywoodiens ou de série B: le remontage photogramme par photogramme de plans préexistants, suivant des partitions de travail, fait bégayer les personnages et met à nu une dramaturgie insoupçonnée de corps convulsés. L´espace n´en ressort pas indemne.
Michael Snow, artiste canadien, éprouve dans un refilmage de photos de parcs enneigés (on ne s´appelle pas Snow pour rien!) la tension entre image filmique et diapositive, tout en instaurant un rythme de durée des plans tour à tour croissant et décroissant (Une seconde à Montréal). Ou encore, dans un facétieux au revoir au spectateur, il distend une brève action pour donner à voir une chorégraphie de gestes qui se déploient dans l´espace, non sans évoquer les analyses scientifiques de décomposition du mouvement de mobiles (les chronophotographies de Marey, Muybridge, etc.).