Séance expérimentale: Len Lye, Harry Smith, Larry Jordan

lundi 30 novembre -1

mercredi 28 avril à 18h à l´ESBA
jeudi 29 avril à 21h au cinéma Spoutnik

L´autonomisation, en un premier temps, des photogrammes, et leur filage, en un second temps, sont au centre de la pratique de l´animation -– ce qui a pu conduire certains partisans de la recomposition d´un mouvement apparent à l´écran à dénier ce fait technique (ainsi, Stanley Cavell, dans son Supplément à la projection du monde, peut-il sérieusement soutenir que les films d´animation se situent en dehors de l´enceinte de l´art du cinéma!). En réunissant trois figures de l´animation: Len Lye, Harry Smith et Larry Jordan, on peut suivre les évolutions du cinéma graphique d´un continent à l´autre.
Len Lye (1901-1980) est une figure centrale à cet égard: révolutionnant d´abord le film publicitaire dans le cadre de la GPO Film Unit (sous l´égide de John Grierson ,à Londres), puis développant une nouvelle forme de tapisserie pop aux Etats-Unis après-guerre, il fait figure de pionnier dans la pratique du film direct (en appliquant de la peinture à même la pellicule, ou en grattant et attaquant l´émulsion au pochoir). En rupture avec les études géométriques des premières avant-gardes graphiques européennes, il privilégie la vitesse d´exécution de dessins évoquant l´écriture automatique et porte son dévolu sur des formes organiques; en manipulant des couleurs éclatantes et des formes dynamiques (intégrant parfois des métrages documentaires), il réactive un certain primitivisme (sur fond de musique populaire).
Harry Smith (1923-1991) et Larry Jordan (1934) appartiennent tous deux à la scène de la côte ouest. Le premier, faute de matériel et de compétence technique, réalise des abstractions directement sur la pellicule (1939-1946) puis par tirage optique (dans les années 1950). Par la suite, il se consacre à des collages animés semi-réalistes en découpant des figurines dans de vieilles lithographies et en les intégrant dans des scénarios inspirés des religions orientales, du tarot, de la théosophie ou de l´alchimie. L´effet est saisissant: ce peintre et cinéaste, spécialiste de l´iconologie, de la musique et
de l´anthropologie, ainsi que linguiste amateur, justifie sa pratique par l´absurde en renvoyant à l´usage de divers stupéfiants. Le second, qui a par ailleurs réalisés des films subjectifs et de fiction, se consacre depuis la fin des années 1950 à l´animation de gravures victoriennes, dont il accentue l´évanescence et l´aura nostalgique. En utilisant comme fond des toiles reliées par le mouvement continu d´une figure au premier plan, il multiplie les apparitions et les volatilisations soudaines de motifs hérités de l´univers du rêve, des drogues, de la mythologie et de la magie. Dans tous les cas, le spectateur est convié à se laisser porter par un mouvement d´emportement généralisé des formes et des couleurs.

Séance à l´ESBA (4, rue du Génnéral-Dufour), 28 avril 2004, à 18h:
TUSALAVA (1929, 11´), COLOUR BOX (1935, 4´), KALEIDOSCOPE (1935, 4´), BIRTH OF THE ROBOT (1936, 7´), RAINBOW DANCE (1936, 5´), N. OR N.W. (1937, 7´), RADE TATTOO ( 1937, 5´), COLOUR FLIGHT (1938, 4´), SWINGING THE LAMBETH WALK (1939, 4´), MUSICAL POSTER (1940, 4´), COLOR CRY ( 1952, 3´), RHYTHM (1957, 1´), PARTICLES IN SPACE (1979, 4´), TAL FARLOW (1980, 1´30), FREE RADICALS (1957-79, 5´)
de Len Lye