GERONTOPHILIA

Film

Lake, 18 ans, mène une vie tranquille entre une mère névrosée et une petite amie féministe et excentrique. Mais quelque chose en lui l'attire de plus en plus vers les vieux messieurs. Employé dans une maison de retraite, il rencontre Mister Peabody, un octogénaire charismatique dont il va peu à peu se rapprocher...

Avec un titre pareil, le nouveau film du cinéaste canadien underground Bruce LaBruce pouvait à la fois réjouir son noyau fidèle de spectateurs, habitué à son traitement pornographique des pratiques sexuelles transgressives, et à la fois effrayer le spectateur lambda. Surprise : GERONTOPHILIA se révèle en fait le récit tout en finesse d'une très belle histoire d'amour.

Cette première incursion du réalisateur dans le cinéma grand public ne trahit pas pour autant ce qui fonde son style depuis ses débuts dans les années 90, à savoir son attention portée aux individus en marge. Homosexuel, noir et de surcroit "vieux", Mister Peabody incarne à lui seul trois minorités. Il rejoint ainsi les skinheads gigolos de HUSTLER WHITE (1996), les militants sexuels anti-hétérocentrisme de RASPBERRY REICH (2004) ou le fragile zombie de OTTO (2008).

Figure phare du Queercore, LaBruce a une aversion pour la norme et porte un regard jamais dénué d'humour et d'une certaine tendresse sur ce qui est communément qualifié de "pathologie" ou de "perversion". Déclinaison gay d'HAROLD ET MAUDE, GERONTOPHILIA bénéficie du jeu tout en finesse du jeune Pier-Gabriel Lajoie et la classe incroyable de l'acteur de théâtre Walter Borden, lui-même militant pour les causes noire et gay.

LaBruce est donc plus que jamais actif. La Berlinale a du reste récompensé cette année son moyen métrage PIERROT LUNAIRE par un Teddy award et Cannes lui a confié le jury de la prochaine Queer Palm.