Walk away Renée

Film

Alors que ses débuts bouillonnaient de toute l’énergie et la révolte propre à la jeunesse, cette nouvelle œuvre, tout en puisant toujours dans l’univers archivistique du réalisateur, bascule avec une grande délicatesse vers le personnage de sa mère, Renée Leblanc.

Déjà très présente dans TARNATION, Renée, que les internements et crises à répétition ont peu à peu transfigurée, passe ici au premier plan. L’attention que Jonathan lui porte et l’évidente importance que cela représente pour elle témoigne de toute la gamme de sentiments authentiquement humains qui peuvent régner entre deux êtres. Tantôt princesse enfantine, lorsqu’elle pose pour la caméra, tantôt sorcière destructrice (et détruite), Renée passe de phases de rayonnement à des états de détresse extrême, aussi bien physique que psychologique. 

Chaque rechute entraîne un nouveau déménagement, une nouvelle solution de secours, supervisée par Jonathan qui n'hésite pas, à un moment donné, à héberger chez lui sa mère et le père de celle-ci, tout deux déphasés, marginalisés.

Malgré tout, ce qui frappe, c'est la force insoupçonnée qui habite Renée. Sa capacité à se reconstruire alors même que son état semble au pire. En témoignant de cette lutte constante, la caméra de Jonathan, loin d'idéaliser sa mère, lui offre le plus bel hommage possible : il l’accepte dans sa totalité, et pointe au passage l’inadaptation du système de soins psychiatriques à la complexité de l’individu.