Sibérie

Film

Au cours d’un voyage en Transsibérien, Joana Preiss et son compagnon d’alors, le cinéaste Bruno Dumont, munis chacun d’une caméra, ont filmé leurs échanges, discussions, réflexions. Suite à leur rupture, survenue quelques mois après cette expérience, Preiss a monté sa vision de la dislocation du couple en un film oscillant entre journal intime et fiction.

Si la Sibérie évoque pour beaucoup une contrée gelée et inhospitalière, elle s’avère receler une diversité de paysages et d’atmosphères insoupçonnés. Le premier film de la réalisatrice débouche sur le même constat. On pourrait poser l’étiquette de « film narcissique stérile » en décrédibilisant d’emblée ses deux protagonistes – elle, actrice chez Christophe Honoré, Olivier Assayas, modèle pour Nan Goldin, égérie de Balenciaga entre autres – lui cinéaste réputé dur et cérébral (HORS SATAN, HADEWIJCH, TWENTYNINE PALMS, LA VIE DE JESUS, tous présentés au Spoutnik). Or, pas besoin d’aimer les protagonistes pour apprécier le film qui se révèle être un objet riche et singulier. Le travail de montage porte le tout à un niveau digne d’intérêt en interrogeant le rapport de force qui s’établit entre lui, habitué à être derrière la caméra, l’instance regardante et dirigeante, et elle dont la notoriété s’est constituée autour de son image. Cette déconstruction du couple alliée à un brouillage des repères spatio-temporels abouti à une – très belle – fin ouverte sur le vide, un vide loin d’être stérile.