Les nouveaux chiens de garde

Film

Les Chiens de Garde, c’est à la base un livre de Paul Nizan paru en 1932 et critiquant la connivence inassumée des intellectuels et écrivains français avec le pouvoir. 65 ans plus tard, Serge Halimi, directeur du Monde diplomatique depuis 2008, publie « Les Nouveaux Chiens de garde », condamnant cette fois la proximité dangereuse des médias avec les politiques et les groupes industriels, notamment à travers l’affinité tendancieuse de journalistes et d’experts avec la classe dirigeante. Sans surprise, le livre est critiqué par la plupart des journalistes visés mais n’en devient pas moins une référence dans le domaine de la critique des médias.

Le film qui en découle risque de connaître le même destin. Posant de manière efficace leurs arguments par l’orchestration d’archives comme autant de pièces à conviction, Yannick Kergoat et Gilles Balbastre démontent de manière systématique le portrait idyllique de l’univers journalistique français dressé par ses acteurs, dont l’autosatisfaction et la mauvaise foi sont sidérantes. Ainsi, lors d’un débat amical sur un plateau TV,
Christine Ockrent, Laure Adler et Anne Sinclair évoquent-elles avec condescendance les temps obscurs de l’interventionnisme étatique aux débuts de la télévision, qualifiant ces pratiques de « soviétiques ».
La distinction principale qui oppose les auteurs de ce film à leurs cibles et détracteurs, réside purement et simplement dans leurs conceptions respectives de l’Histoire, les premiers pointant la récurrence sous de nouvelles formes de dérives constatées dans le passé, les seconds défendant une vision à court terme, dans
un présent continu et non critique.

Le réalisateur et monteur, Yannick Kergoat, sera présent à la première du film, le mercredi 29 février pour une rencontre en collaboration avec le Courrier.