Narcisse et psyche

Film

En adaptant l'épopée en vers "Psyché" de son compatriote Sandor Weöres, le "Tarkovski des Hongrois" a entrepris un tour de force cinématographique. Il crée un arc d'histoires et d'images voluptueuses et incalculables, plein de surprises, d'exigences et de bienfaits. Le réalisateur qui vient du cinéma expérimental n'a pas inventé un nouveau langage cinématographique mais l'a enrichi en utilisant le réel jusqu'à ses limites. C'est pour cela que son film paraît si inhabituel, si intempestif et en même temps, si capiteux. Malgré son volume énorme - la version finale dure 3h30, 7 heures étant prévues à l'origine - il est d'une vitesse enragée, ne laissant surgir aucune idylle, malgré des décors somptueux, mais en prenant sans cesse de nouveaux virages, se traduisant pour le spectateur comme autant de chocs. Pendant de nombreuses minutes, le film introduit de nouvelles personnes et circonstances en se servant de plans larges, ne montrant ce qui est intéressant qu'au moment où l'intérêt est déjà presque perdu. Le rythme du film correspond dès lors exactement au tempérament incohérent du protagoniste.
Gabor Body doit être un insensé, un obsédé des images, donc aussi un maniériste, qui démodé par sa croyance en la beauté et en l'esthétique de la laideur, en devient presque à nouveau révolutionnaire.

Alfred Holighaus dans "Tip 8/83".