Memorias del subdesarrollo

Film

Sergio, un intellectuel sceptique, décide de rester à Cuba alors que la plupart de ses amis et parents d'origine bourgeoise quittent le pays après la Révolution, y compris sa femme. Il s'interroge sur le sens de sa vie et celui des événements, et porte un regard sévère sur l'héritage du sous-développement. Il se lie à Elena, jeune femme frivole qui le précipite dans un incroyable quiproquo : la famille l'accuse de viol et porte l'affaire devant un tribunal révolutionnaire. Dans la rue, au Musée Hemingway, à un débat d'intellectuels ou du haut de sa terrasse, Sergio semble se complaire dans sa situation de spectateur détaché, ressasse les souvenirs et les remarques désabusées. Le débarquement de la Baie des Cochons puis la Crise des missiles servent de révélateur : Sergio ne se reconnaît plus dans le vieux monde qui s'effondre, mais n'a pas la force ou la volonté de s'engager dans la nouvelle société en construction.

Tomas Gutierrez Alea
Né à La Havane en 1928, Tomas Gutierrez Alea, dit "Titon" est l'un des fondateurs et précurseurs de l'Institut cubain de l'art et de l'industrie cinématographiques. A peine âgé de vingt ans, il tourne des courts-métrages humoristiques ou expérimentaux. Il fait des études de droit puis s'inscrit au Centro sperimentale di cinematografia à Rome (1951). Il réalise des documentaires pour le compte du Parti socialiste populaire et prend une part active à l'association Nuestro Tiempo, un des foyers de la culture d'opposition sous la dictature de Batista. En 1954, il réalise avec la collaboration de Julio Garcia Espinosa, un film documentaire sur les conditions de travail des mineurs EL MEGANO, qui sera interdit de diffusion. Ensuite, les actualités et compléments de programmes produits par le Mexicain Manuel Barbachano Ponce sous le titre CINE REVISTA lui permettent de parfaire son métier (1956-58). Lors des premiers mois de la Révolution, il organise avec Julio Garcia Espinosa la Section cinématographique de l'Armée rebelle, puis tourne successivement le premier documentaire et le premier film de fiction de la nouvelle période. Gutierrez Alea a exercé diverses responsabilités au sein de l'ICAIC et publié un important ouvrage de réflexion sur les dilemmes du cinéma cubain DIALECTIQUE DU SPECTATEUR (1982).