L'ordre

Film

Face à la caméra, un lépreux grec, Raimondakis, raconte sa vie. Il a vécu pendant de longues années à Spinalonga, une île du nord de la Crête, avec d'autres lépreux parqués là pour y mourir.

L'ORDRE fonctionne sur un système d'interpellations dont la violence fait voler en éclats le spectateur cloisonné par les secteurs de l'audiovisuel. Interpellation directe et de plein fouet du lépreux et du spectateur en tant qu'il est complice d'un ordre médico-social qui exclut (et pas seulement les lépreux).
Interpellation non moins violente du lépreux au cinéaste qui pourrait n'être rien de mieux qu'un reporter de passage à la recherche d'images spectaculaires. Interpellation silencieuse du cinéaste au spectateur à la recherche de sensations cinéphiliques. Les mouvements d'appareil, dans leurs trajectoires implacables et vertigineuses figurent à n'en plus finir, à les recommencer sans cesse, les différentes formes d'enfermement imposées aux lépreux, depuis l'île chargée d'histoire de Spinalonga jusqu'à l'hôpital moderne. Toute matière filmée porte les stigmates de la maladie, y compris les murs uniformément blancs de l'hôpital qui voudrait l'effacer.