Sarajevo film festival

Film

"En octobre 1993, Sarajevo entame son vingtième mois de siège, un deuxième hiver très rigoureux s'annonce. La population est affamée, vit sans lumière, sans chauffage et sans eau courante. Les habitants sont assaillis par des grenades des collines avoisinantes, où les Serbes ont installé 240 canons, et depuis des immeubles très proches, par des tireurs d'élite utilisant le matériel le plus moderne et des jumelles infrarouges pour abattre adultes et enfants au hasard.
Dans cette situation désespérée, Sarajevo a organisé un festival de cinéma du 26 octobre au 3 novembre. Des cinéastes internationaux - Bertolucci, Godard, Pialat, Polanski, Kramer et bien d'autres ont fourni des cassettes vidéos de leurs films qui ont été projetées dans trois salles de la ville avec des vidéo-projecteurs. Les salles étaient pleines à craquer.
Les cinéastes Van der Keuken et Frank Vellenga se sont rendus au festival. Van der Keuken a présenté ses films FACE VALUE et BRASS UNBOUND mais a estimé qu'il était tout aussi important de faire un compte rendu du festival qui poserait surtout la question de l'importance du cinéma et de la culture dans une situation sans issue comme celle de Sarajevo.
Le court métrage SARAJEVO FILM FESTIVAL fait le rapprochement entre la façon dont deux personnes ressentent le cinéma et leurs conditions de vie réelle : Haris Pasovic, l'organisateur du festival, et Marjijela Margeta, étudiante en architecture, qui a assisté à toute les projections. La fiction de l'image filmée et la réalité dans laquelle les spectateurs doivent vivre se mêlent dans ce film d'une manière particulièrement déconcertante. Les deux cinéastes ont voulu modestement protester contre l'absence de l'Europe. Une absence politique qui, à long terme, pourra lui être fatale."

Extrait de la revue "Documentaires", n°8.