Ghosts of the civil dead

Film

Sorti en 1988, GHOSTS OF THE CIVIL DEAD a été distribué dans plusieurs pays (Australie, Grande-Bretagne, France, jamais en Suisse). Ce film n'a reçu qu'un succès d'estime, se heurtant aux réticences d'un public peu habitué à ce type de "spectacle".

Le film use d'une systématique, de partis pris appliqués avec une rigueur clinique : le spectateur n'a aucune prise sur ce qu'il voit : aucune identification n'est possible (pas de héros, pas de méchants, peu de psychologie si ce n'est de surface), les personnages (si l'on peut qualifier ainsi les "fantômes" qui peuplent ce film) ne sont que les rouages d'une machinerie qui, parce qu'elle fonctionne, ne leur permet pas d'agir différemment de ce que l'on attend d'eux. Ils sont totalement désincarnés : il n'émane d'eux aucune émotion "humaine", chacun joue son rôle, ce qui serait à la limite de la caricature, s'ils n'étaient décrits aussi froidement. De fait, c'est la prison, plutôt que les gens qui y vivent, qui est le personnage étudié dans le film. Et le spectateur assiste impuissant au déroulement glacial d'une logique implacable.
Les détenus, tout comme leurs gardiens, sont les victimes sacrifiées à des fins politico-financières : poussés à bout par les autorité qui les gouvernent, livrés à une violence extrême, pour accroître les fonds disponibles, pour justifier la construction de prisons encore plus sécuritaires, toujours plus aliénantes.
GHOSTS OF THE CIVIL DEAD n'est pas un film agréable à voir. Il nous laisse avec de l'effroi, avec de la frustration, sans modèles, sans solutions ; avec le sentiment aussi d'avoir vu des images ultra violentes, alors que la violence réelle est autant le résultat de la tension qui s'accumule sans trêve que de celle qui éclate effectivement, et qui apparaît plus libératrice que choquante.
C'est de plus un film qui, parce qu'il décrit le fonctionnement d'une micro société, nous parle tout le temps de nous, à l'extérieur : la société qui crée la nécessité pour ce genre de lieux d'exister et qui reproduit en plus grand les différentes classifications entre les gens qui la peuplent.

K. Reidy

En présence du producteur le 22 novembre 1992