Film
Précise, parce que consciente de ses limites, la caméra d'Allegro enregistre sans retenir, perçoit sans influencer. Entre les mots - le texte (littéraire) et les choses qui apparaissent et disparaissent (paysage, nature, architecture) - des mots qui jamais ne se figent en images cinématographiques ; entre ces mots se développent des espaces, ceux de l'invisible et de l'imaginaire. Allegro, c'est de l'anti-cinéma, au meilleur sens du terme. L'opposition rigoureuse du courant du texte et de celui de l'image, le fait de s'en tenir à ces deux niveaux sans aucun compromis font que le film va au-delà de la simple cinématographie ; il ouvre une dimension nouvelle : celle de ce qui ne peut se traduire en images, de ce qui ne peut pas être dit. Aucune histoire. Les images portent le texte, elles ne l'illustrent pas. Aucune identification, aucune complaisance.
Allegro, ce n'est pas de la fiction, mais un film qui crée la fiction. Parce qu'il ne condense pas, ne conserve pas, ne retient pas ce qui est vague, peu sûr, momentané et fugace ; parce que Véronique Goël en dépit de moyens techniques les plus simples et les moins spectaculaires réussit même à exprimer le fugace en lui conservant sa fugacité, Allegro est intéressant dans l'optique de la discussion d'un nouveau langage cinématographique.
Emil Schwarz
Auteur Goël Véronique
Pays Suisse
Année 1979
Durée 22'
Genre Essai
Version
Couleur Noir Blanc
Format 16mm
Thème