Serbis

Film

Journée d’une famille qui s’occupe d’un cinéma porno à Angeles, aux Philippines. Chaque personne vit paresseusement dans cet endroit délabré où une seule des trois salles de projection fonctionne encore. La mère essaie financièrement de se tirer d’un coûteux divorce avec son ex-mari adultère, les filles se prélassent, l’enfant de l’une d’elles se maquille en femme, les deux neveux, dont un est projectionniste, travaillent sans conviction et le gendre s’occupe de la confiserie.

Brillante Mendoza ne situe pas l’action de son film dans un cinéma porno par hasard. L’une des ambitions de SERBIS est de forcer le trait sur l’image et le son: l’image banale et récurrente qu'il véhicule, dans tous les lieux, du sexe; le son envahissant et intrusif de la rue, qui pénètre les murs comme la chaleur ou les odeurs. Tout est sciemment outré et même les personnages sont les caricatures d’un monde urbain passif. Le cinéma pornographique représente la frontière entre les désirs des protagonistes, souvent liés à la seule apparence, et la réalité de leur situation dont ils sont de bonne grâce prisonniers. La nostalgie, l'ambiance fantasmagorique et l'esprit terriblement mercantile qui émanent de ces lieux contribuent à offrir une vision d'une histoire du cinéma arrivée à bout de souffle.