C'est dur d'etre aime par des cons

Film

On se souvient du soulèvement de colère de croyants musulmans à la suite de la publication par un journal danois des désormais célèbres douze caricatures de Mahomet. En France, c’est, entre autres, Charlie Hebdo, sous la responsabilité du rédacteur en chef Philippe Val, qui a reproduit ces dessins en février 2006, en y ajoutant même de plus drôles et caustiques réalisés par son équipe habituelle. Un assignement en justice ne tarde pas et c’est le procès. Ce dernier, loin d’être surchargé par la lourdeur des charges, se déroule avec un entrain plutôt bon enfant, témoignant de la culture irrévérencieuse et potache à la française.

Le réalisateur Daniel Leconte ne s’en cache pas, C’EST DUR D’ÊTRE AIMÉ PAR DES CONS est autant un documentaire qu’une comédie. Cela est facilement compréhensible quand on sait que l’esprit de Charlie Hebdo a dominé un procès où les rires et les franches rigolades se sont succédés. Évidemment, l’aspect symbolique de l’affaire, la possibilité de caricaturer, et, plus encore, le recours au droit pour répondre à la violence extrémiste, est le thème central du film. Le réalisateur aime à préciser que l’enjeu est bien plus que franco-français. Cette forme de test permet enfin de mettre les points sur les i, la décision de justice ayant conclu que la publication de Charlie Hebdo a participé à « un débat public d’intérêt général. » Le film est ainsi une sorte d’épilogue, de billet d’humeur final, à un litige polémique. Avec ses commentaires d’intellectuels et d’hommes politiques, C’EST DUR D’ÊTRE AIMÉ PAR DES CONS présente une exacte vision de la France, entre colère disproportionnée, cynisme railleur et pragmatisme pénal.