Tropical malady

Film

Alors que Blissfully Yours traitait de l'idée de bonheur à travers la beauté féminine, filmée au coeur de la jungle apaisante et luxuriante de la Thaïlande, Tropical Malady nous dévoile le côté obscur et mystérieux de cette nature, attaché à l'idée de beauté masculine. Oeuvre tout aussi poétique, elle est bien le digne prolongement d'un travail qui s'attache à la représentation de l'impalpable. Dans une démarche indépendante et foncièrement radicale, tranchant avec le cinéma Thaï contemporain, Weerasethakul refuse toute dramaturgie, filmant aux frontières du documentaire. Les rares passages musicaux ne sont que deux séquences musicales diégétiques, à l'humour et au regard plein de tendresse pour ses contemporains. Une séquence de Karaoké évoquant les vieux films Thaï des années 50/60, alors qu'un cours d'aérobic en plein air affiche une modernité consommée pour la culture américaine.
Weerasethakul filme la Thaïlande de ses souvenirs, cherchant à restituer, à travers le sourire d'un militaire, l'amour d'une mère, ou encore un match de foot, les moindres sensations de vie d'êtres qui semblent vivre l'instant avec plénitude. Abordant avec un naturel touchant (peu habituel dans un pays où la censure est inflexible) l'homosexualité masculine à travers l'amour naissant entre Tong et Keng, il filme pudiquement leur bonheur fugitif. La caméra traque les expressions et visages de ses deux protagonistes, suggérant une beauté masculine plus gracieuse que brutale. Pour autant, l'intensité d'une passion naissante n'en est pas absente, comme le suggère une scène dans un vieux cinéma de quartier, qui fait écho à la salle nocturne de Goodbye Dragon Inn du taiwanais Tsai Ming-Liang.
Autre thème fort - et récurrent du cinéma thailandais -, la superstition et les croyances locales qui dans la seconde partie nous plongent dans un fantastique mythologique. Pays profondément bouddhiste, la Thaïlande de Weerasethakul exprime son attachement aux rites, au travers d'un phallus en ébène; autant que sa crainte des esprits, qui s'exprime dans le refus de Keng de poursuivre sa promenade dans les galeries souterraines obscures de la grotte. Admirablement mis en scène, on retrouve des séquences de longs travellings filmés en caméra embarquée; telles que lors d'une balade nocturne, où les éclairages artificiels se transforment en une nuée de lucioles; ou encore en pleine nature, lorsque les traces de poussière laissées par l'arrière d'une jeep, se confondent avec un nuage laiteux turgescent. Dimitri Itani

Auteur Weerasethakul Apichatpong
Pays Thaïlande
Année 2004
Durée 120'
Genre Fiction
Version
Couleur Couleur
Format 35mm
Thème APICHATPONG WEERASETHAKUL: UNE RETROSPECTIVE

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