Le moindre geste

Film

du 12 au 17 avril 2005

Ce film Le moindre geste, dont on m'annonce "qu'il a été retenu par le comité de sélection de la Semaine de la Critique et qu'il sera donc montré à Cannes", a bien failli rester enroulé dans ces grandes boîtes de fer blanc qu'on pourrait croire de conserve comme il en advient le plus souvent de ces enfants "anormaux" dont le sort s'enroule dans les lieux prévus pour. Et qu'y faire ? Le sort commun à cet être-là dont je vais parler et aux kilomètres de pellicule qui portent son image, éclaire peut-être un peu ce que je veux dire quand je parle de tentative. Un film peut être un chef-d'œuvre ou un navet, une petite fête ou une bande collante où les idées qui sont dans l'air du temps sont venues se prendre comme les mouches sur ce papier gluant en usage à l'époque où il y avait des vélos sur les routes. Qu'Yves "débile profond", ait échappé à son sort qui était de demeurer dans une demeure à demeurés et que ce drôle de film ne soit pas resté, à jamais autistique comme le sont les objets abandonnés, enroulé dans ses boîtes, voilà deux événements qui n'en font qu'un.
(...)
Mon projet, en guidant la prise d'images, était de donner à ceux qui les verraient leur part de cet être-là que je voyais et entendais vivre avec nous depuis six ou sept ans, tel qu'en ses attitudes, gestes et propos, il était, familier et superbe, parole vacante et tout à coup loquace et vitupérant et, dans le flot parlé, je reconnaissais, à s'y méprendre, cette parole qui nous fait ce que nous sommes et qui règne, universelle,
historique, démonstrative, cocasse, meurtrière. Nous partions à cinq, plus la caméra, plus l'autre qui était ce gamin de treize ans glané dans la ville la plus proche. Les Cévennes sont vastes et le thème était clair : deux adolescents s'évadent d'un lieu psychiatrique, l'un qui court devant et qui fugue comme il respire, et l'autre suit, débile mental un peu fou, peut-être d'avoir vécu parmi ceux-là qui le sont.
(propos de Ferdinand Deligny)



Et patati et paa… poh poh / les tanks, dynamites et tout… / regardez moi ça… / et ça c’est vrai rho / mais ça c’est vrai encore / rho / des voitures des tanks et les khanons et dynamite et tout / tout ça n’vaut pas quel’quat sous / oh / même pas quat’sous / ohyayayaya / même pas quat’sous / moi, je vous l’ai dit, je vous l’ai dit, je vous l’ai dit / ça allait mal marcher. je vous l’ai dit / pas voulu m’y croire allez vous faire
cuire un œuf tiens !
ces guerres ohpohpoh les avions / ohyayaya / les avions ohpohpohpohpoh / les bombes atomiques et les pouh ohyayayayaya / même pas quat’sous ohyayaya / même pas quoi pouh… yayaya / même pas çi même pas ça pohpohpoh / et ça c’est vrai / ça c’est vrai. les avions et les parachutes et tout / c’est épouvantable quand même, c’est épouvantable roh. . . / vous vous rendez compte ? / vous vous rendez compte un peu ? / hein / vous vous rendez compte ? / roh / quand même, quand même, quand même / roh ! / avouez, avouez le / même pas des suffrages même pas ci même pas ça / oh… / même pas un cercueil… de notre enfance / et même pas / à notre cité française / voilà ce qu’on a raconté pour notre vie / et je crois / qu’on ira / au / ciel.



Et là / et là j’ai dit à l’asile / l’asile c’est comme l’enfer / l’enfer c’est comme les pauvres / l’enfer c’est comme les pauvres ! / mais l’enfer…. / on dit que l’asile / l’asile c’est comme les communistes / l’asile c’est comme les morts / la maison Saint Nizière c’est comme ci c’est comme ça / mais / en général / monsieur les morts / je vous téléphone encore une fois / il y a 50 millions d’anciens francs / prenez un petit pistolet / creusez votre trou / et mettez votre dynamite / ça par exemple alors, les morts ça pleure pas / mais une croix ça pleure / plus / monsieur les morts / mounstre / les morts ça pleure et quand ça rêve ça téléphone / alors / égale plus les morts plus mon général Franco / mon général je crois que dieu vous à dit / allez en enfer ! / roh / allô les morts ? les morts m’entendent bien ? les morts m’entendent / roh ! / ces pauvres morts / qu’est-ce qui sont curieux / mais voilà / quand j’ai dit ça à mon général là-haut dans son trou / je lui dis voilà / je prends un poste émetteur / de 38 mètres de long / tu mets ça dans ton trou / tu vas me dire exactement où est le trésor / je lui dis y’a pas de trésor ici / y dit moi j’en ai vu un / dans ce trou- là / alors monsieur mon général… / me téléphoner à l’heure que je vous parle / heu le trou / c’est un petit machin / o'met machin machi machin / et ta photographie / je t’avais mis une lettre / à l’heure que je t’ai dit / les morts ça vit comment / voilà les morts / c’est épouvantable / les morts ça rêve / mais quand ça pleure ça pleurniche / et quand ça rêve / les morts ça se bénit / et pourquoi donc / messieurs-dames ? / ah ! / messieurs-dames / je vais vous interpréter, une chanson d’asile / l’asile c’est comme les pauvres / l’asile c’est comme ci, c’est comme ça / l’asile… je vous dis une idée / mais / pourquoi l’asile a rêvé ? parce que / au moment où c’est le général De Gaulle qui m’a dit, le seigneur ça marche sur ses pieds / mais quand le pape viendra / vous examiner / il faudra pas dire que c’est l’enfer / mais je crois que trois fois trois ça fait dix / et dix millions d’ancien francs, ça gagnera un tiercé / mais / je me demande, messieurs-dames pourquoi ça rêve-ton ? / oh ! / ça y est ! / c’est épouvantable ! / il y a le feu à la maison ! allez appelez les pompiers ! / je dis allô... la voisine va arriver chez vous ! / c’est épouvantable ! / cassez ma vaisselle bande d’idiots ! / l’asile c’est épouvantable !
(propos de Yves à partir de transcriptions réalisées par Jean Pierre Daniel)

Auteur Déligny Fernand
Pays France
Année 1971
Durée 105'
Genre Essai
Version vo
Couleur Noir Blanc
Format 35mm
Thème

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